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Mc Leod Ganj

par Robert Vérité 18 Mars 2017, 13:22

Lundi 6 mars
Aujourd'hui, c'est le début des cours. Nous rencontrons quelques élèves qui se sont déjà inscrits, essentiellement des non-débutants. Puis le Directeur organise une petite réunion dans son bureau. En dehors de nous sont présents Tsephel, la responsable des cours ainsi que les professeurs d'anglais, australiens de nationalité : Marlène et Noël, ainsi Christene qui vient d'arriver. Il nous explique le fonctionnement général de l'institution.
Les cours commenceront le lendemain. Je travaillerai l'après-midi, de quatorze à seize trente avec une pause d'une demi-heure. J'aurai des élèves débutants et intermédiaires. La coordinatrice me propose de faire deux groupes dans ma classe, m'occupant alternativement, de façon active,de l'un puis de l'autre. Au même moment l'autre groupe pourrait travailler seul, sur des exercices. Je me vois mal laisser les débutants sans contact direct avec moi. Je propose de séparer totalement les deux groupes en réduisant leur temps de cours et sans prendre moi-même de pause. L'organisation pourrait être la suivante : débutants : 14:00 – 14:45 et 15:30 – 16:15, intermédiaires : 14:45 – 15:30 et 16:15 – 17:00. La responsable me laisse la totale liberté de choix.
Le nombre des élèves est, pour le moment, totalement inconnu : 7, 8, 10, ou plus.
Suite à la réunion, nous nous retrouvons au rez-de-chaussée, à la cuisine. En effet, les jours de classe, nous pouvons déjeuner gratuitement sur place. Le repas est simple généralement végétarien : riz, pomme de terre, légumes et s'accompagne éventuellement d'une sauce « spicy ».
L'après-midi, au retour de notre promenade en ville, nous nous renseignons auprès des hôtels voisins proches de Tibet Charity. Comme presque partout à Mc Leod Ganj l'accès se fait par de longs escaliers souvent au bord de coulées de terre, comprenant quelquefois de simples passerelles sur le vide. Quelques chambres sont disponibles mais n'ont généralement pas de coin cuisine. La seule qui pourrait nous intéresser est située vers l'arrière, sans vue agréable vers l'extérieur. De plus, les prix actuels augmenteront bientôt avec l'arrivée de la haute saison touristique. Rien d’intéressant de ce côté-là.
Mardi 7 mars
Le Directeur nous ayant informé qu'il pouvait mettre à notre disposition, une chambre au rez-de-chaussée, pour un prix modique, nous demandons à visiter celle-ci. Elle est plus grande que celle que nous occupons actuellement et possède un coin cuisine avec bouteille de gaz et gazinière. Elle n'a malheureusement pas d'armoire. Nous devrons nous en arranger en suspendant nos affaires à des clous ou avec des porte-manteaux à une longue tringle à rideau qui traverse toute la pièce.
Le Directeur nous a indiqué que le wifi dont nous bénéficions à l'étage ne fonctionnera certainement pas là. Nous devrons acheter un « hotspot » en ville et prendre un abonnement. Ce n'est pas très cher nous a-t-il affirmé.
Côté très positif : les larges fenêtres de la chambre s'ouvrent sur un passage en balcon qui mène à l'infirmerie. Derrière, nous avons une magnifique ouverture panoramique sur les montagnes, à main gauche et sur la vallée de Dharamsala. Nous acceptons sa proposition et décidons de déménager le lendemain.
A 14 heures commencent mes cours. Je continue avec la méthode TAXI, expérimentée par ma collègue France, le trimestre dernier. Une dizaine d'élèves sont présents, prioritairement de sexe féminin. Quelques uns sont des débutants complets, d'autres ont déjà suivi des cours de français. Ils sont tous très motivés mais je sens tout de suite, évidemment, une grande différence de niveau entre eux.
Mercredi 8 mars
Nous quittons notre chambre à l'étage, descendons nos bagages et nous installons sommairement. Un responsable nous accompagne et nous explique le fonctionnement de la gazinière. Une forte odeur de gaz se diffuse dans la pièce. Il pense qu'il s'agit simplement de la mise en marche de l'appareil.
Vue de Dharasala, depuis notre balcon
Le temps a changé et le beau soleil des jours précédents a disparu laissant place à un ciel couvert et à une petite pluie. Les températures ont énormément chuté.
L'après-midi, je reprends mes cours. Il y a de nouveaux élèves, certains non-enregistrés. Le débutant le plus faible de la veille n'est pas revenu.
Au retour, arrivant devant la porte, je note, depuis l'extérieur la même odeur de gaz que le matin. Celle-ci augmente évidemment fortement lorsque nous entrons. Les employés viennent aux nouvelles et, pensant que le problème vient de la bouteille la déconnectent et l'emmènent dans un autre local.
Des nuages s'amoncellent sur les sommet et envahissent la plaine. Un orage avec éclairs et coups de tonnerre fait irruption dans la nuit.
Le froid est intense et nous gelons sous notre couette. Nous nous en sortons avec les moyens du bord : polaire en renfort pour le corps, pull et caleçon long pour les jambes, une ou deux paires de chaussettes pour les pieds. Le sommeil a été assez difficile.
Jeudi 9 mars
Le plus dur, au lever, avec ces températures « polaires », c'est de prendre une douche, même bien chaude.
On nous installe une nouvelle bouteille de gaz qui, malheureusement, ne semble guère améliorer la situation de la veille. Peut-être est-ce un problème de tuyau ou de valve !
Connaissant nos besoins, des employés de Tibet Charity devant faire des courses à la ville basse, Dharamsala, nous invitent à les accompagner. Ils pourront nous aider auprès des commerçants.
La descente en voiture est toujours aussi impressionnante. Moment d'émotion. Notre chauffeur se range sur le côté pour laisser passer une caravane de plusieurs voitures blanches qui remonte. C'est le dalaï-lama, nous annonce-t-on, qui rejoint son domicile, à Mc Leod Ganj ! Il offrira prochainement trois jours d'enseignement. Pour y assister, il faut se rendre dans un bureau de l'administration avec son passeport et on vous délivre un badge permettant d'entrer.
Première étape à Dharamsala : l'achat du « hotspot », un minuscule appareil qui est censé résoudre nos problèmes de connexion internet. Un abonnement mensuel est à prévoir. Nous nous rendons ensuite vers une boutique d'électro-ménager. Nous faisons l'emplette d'un petit chauffage électrique soufflant et d'une plaque pour cuisiner le minimum, le soir. Compte tenu de la consommation électrique relativement importante, on augmentera notre loyer.
Nous rentrons en taxi avec nos achats.
L'après-midi, à la fin de mon cours, je souhaite « Bonnes vacances » à mes étudiants. En effet, nous bénéficions de 5 jours de fêtes. Nous nous reverrons le mercredi suivant.
Vendredi 10 mars
Une grande manifestation pour la liberté du Tibet est prévue aujourd'hui. Beaucoup d'allées et venues devant nos fenêtres où un photographe a posé son trépied. Un grand nombre de Tibétains attendent patiemment sur les bas-côtés de la rue.
 
 
Les ouvrières indiennes du chantier de construction voisin continuent imperturbablement leur tâche ingrate pendant que
quelques moines descendent tranquillement.
Selon nos informations, un rassemblement a eu lieu en ville, en présence des autorités locales et d'invités étrangers, notamment français et canadiens, venus soutenir le Gouvernement en exil. Beaucoup de discours ont été prononcés. Et puis les participants au défilé déboulent depuis le centre-ville. D'abord un groupe important de moines en robe safran.
Et derrière une foule de laïcs portant des panneaux où des banderoles « FREEDOM TIBET », « TIBET IS NOT CHINA ». Ils scandent ces slogans entraînés par les haut-parleurs des camionnettes qui les accompagnent. Des étrangers occidentaux se sont joints au cortège. Les élèves de collèges, en uniforme, sont aussi présents.
Les manifestants sont nombreux et défilent de longues minutes devant nous, d'un pas décidé. De jeunes moines participent à leur façon !
 
Nous les accompagnons un moment. Ils vont descendre jusqu'à Dharamsala et au-delà.
Nous repartons vers le centre-ville pour déjeuner.
Nous passons devant le Shiva Temple, hindou avec ses statues de Dieux dont le très reconnaissable Ganeh, et ses svastikas.
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Notre guide touristique nous en recommande plusieurs. Nous choisissons pour commencer le restaurant du Snow Lion Hotel. Les fenêtres de la salle principale donnent sur la rue. Des banquettes confortables délimitent plusieurs espaces au centre desquels se trouve une large table. Une deuxième salle à l'arrière comprend une grande table pour au moins dix personnes et plusieurs autres petites. L'accueil se trouve au centre avec, derrière la cuisine.
Nous nous installons et un serveur nous apporte les menus ainsi qu'une petite feuille de papier et un crayon. Nous devons noter nous-mêmes nos commandes et rapporter le tout à l'accueil. Nous expérimentons la cuisine tibétaine. Le menu comporte plusieurs pages plastifiées, la première consacrée plus particulièrement au petit-déjeuner. Des boissons, froides ou chaudes, des œufs, des riz, des « momos », des soupes. Pas de viande et quelques desserts seulement. Compte tenu des températures, une boisson chaude s'impose. Beaucoup de thés sont proposés mais nous privilégions un « Ginger with lemon honey ». Un riz frit, des momos frits et bouillis, une soupe de légumes et un dessert à la banane dont je ne sais à quoi il peut ressembler. La boisson chaude arrive en premier et nous avons tout le temps de humer ses senteurs délicieuses et d'apprécier tout autant sa saveur. Le riz ressemble beaucoup à un « cantonnais » et les momos frits à des empanadas, sorte de beignets latino-américains. Tout est très bon et l'addition ne gâche pas le plaisir.
Samedi 11 mars
Nous avons beaucoup de chance. Le Dalaï-lama n'entre en contact avec le public, à Dharamsala, que quelques jours par an. Et, pour nous, cela se passe seulement une semaine après notre arrivée ! Un autre enseignement n'est prévu qu'en octobre.
Nous nous rendons à l 'administration locale pour obtenir les badges indispensables pour assister à l'enseignement du dalaï-lama. Une longue queue sur la gauche regroupe les demandeurs locaux. Pour les étrangers, c'est sur la droite et il n'y a presque personne. Il faut remplir un formulaire avec ses données personnelles et le présenter à un bureau où elles sont enregistrées. Grâce à une mini-camera connectée à l'ordinateur, une photo est prise qui est intégrée au badge, à côté de notre nom. Une petite pince permet de l'accrocher au vêtement. Tout cela nous coûte 10 roupies, soit 15 centimes d'Euro.
Voilà ! Nous sommes équipés et prêts pour la grande aventure du lendemain.
Le ciel s'est couvert et il commence à pleuvoir. Et stupeur, la neige se met à tomber, de manière de plus en plus intense, recouvrant les bâches des étals et les toits des voitures.
Les marchands de la rue emmitouflent.
Devant la façade de notre restaurant est installé un vendeur d'accessoires tricotés : écharpes, bonnets, gants et chaussettes. Les enseignements du dalaï-lama se déroulant dans un grand temple, pour y assister et s'installer sur les matelas au sol, il faut se déchausser. Nous faisons l'acquisition de deux grosses paires de chaussettes en laine, fourrées. Nous espérons qu'elles nous garderont les pieds au chaud.
Le temps est redevenu tranquille. Le pèlerinage autour du temple a repris.
Sur le chemin du retour, dans une magasin de sport, nous achetons deux coussins pliables, fabriqués par les exilés tibétains, qui devraient nous permettre de passer les heures au temple sans trop de douleur musculaires.
De notre balcon, les pentes de l'Himalaya sont toujours aussi belles.

 

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