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L'enseignement de Sa Sainteté, le Dalaï-lama

par Robert Vérité 22 Mars 2017, 14:15

Dimanche 12 mars
Nous avons mis le réveil à 6 heures et, malgré l’excitation, la sortie du lit est un peu difficile. L'enseignement du Dalaï-lama ne commencera qu'à 8 heures mais il faut nous préparer, monter jusqu’au temple où les participants seront certainement déjà très nombreux. Nous passons sous un portique comme à l'aéroport, et on contrôle nos vêtements et nos sacs : en effet, les téléphones, les appareils photo et tout autres moyens d'enregistrement sont interdits. On nous a prêté une petite radio qui devrait nous permettre d'écouter la traduction des propos du Dalaï-lama, en anglais.
Nous montons vers le temple et débouchons dans une vaste salle ouverte sur trois côtés et couverte par une série de dômes de toile blanc. Beaucoup de personnes y sont déjà installées sur de minces matelas posés sur le sol. Devant nous se trouvent deux volées de marches situées de part et d'autre d'une pièce réservée aux moines les plus importants entourant le trône sur lequel s’assoira le Dalaï-lama. De très larges banderoles annoncent en anglais et en tibétain qu'aujourd'hui c'est la journée de la femme tibétaine. Nous trouvons nos places et attendons patiemment. Les allées et venues sont permanentes et la salle se remplit lentement.
Un moine jouant de la corne traditionnelle accompagnant sa Sainteté le dalama Lama, le 12 mars 2017. Photo de Tenzin Choejor / OHHDL
En haut de l'escalier de droite, des moines apparaissent, certains portant une haute coiffe jaune prolongée d'une corne orientée vers l'avant. Un dais rond porté comme un large parasol prend place. Puis deux moines annoncent en fanfare l'arrivée du Dalaï-lama. L'escorte de « His Holiness » se démarre et celui-ci descend lentement les marches soutenus par deux de ses suivants. Ils progresse petit à petit vers le haut fauteuil où il s'assied, arrange ses vêtements et salue la foule avec un grand sourire. Dans le froid glacial de cette matinée de mars, on ne peut qu'admirer sa résistance comme celle des autres moines présents avec leur robe découvrant très largement leur bras droit jusqu'à l'épaule alors que nous-mêmes commençons à souffrir sur nos jambes et nos pieds des courants d'air glacial qui nous environnent.
Sa Sainteté le Dalaï Lama lors de ses enseignements, le 12 mars 2017. Photo de Tenzin Choejor / OHHDL
Le silence s'installe et il commence son enseignement. Celui-ci est ponctué par moments de grands éclats de rire bon enfant auxquels répond l’assistance.
Très rapidement arrivent parmi nous une longue file de jeunes moines portant d'énormes théières métalliques et distribuant des gobelets en plastiques qu'ils remplissent, sans discontinuer, d'un thé au beurre brûlant : un régal d'abord pour les doigts gelés, ensuite pour le corps qui peut ainsi se réchauffer un peu. Puis ce sont de grandes marmites remplies de riz avec des raisins secs. On distribue à chacun de nous une petite coupelle de carton au fond de laquelle est déposée une cuiller de ce riz délicieux que nous mangeons délicatement avec la main droite. Pour les bouddhistes, la main gauche est impure. Ces 22 jeunes moines qui font le service viennent des monastères environnants qui ont été sollicités à cette occasion.
Les gens vont et viennent sans discontinuer. En permanence, de nouveaux venus s'installent dans le moindre espace laissé libre et dans les allées gênant sans vergogne les passages.
Le dalaï-lama fait une pause. De jeunes moines apparaissent et engagent, devant nous, un combat philosophique tel que leur enseignement les a préparés. A grands mouvement de bras et de claquement de mains, ils assènent à leurs adversaires, de manière catégorique, leurs arguments dans le débat.
Photo de Tenzin Choejor / OHHDL
Puis, c'est une chœur de jeunes filles qui nous présente quelques chansons tibétaines.
Cette journée est éminemment politique. Le chef du gouvernement tibétain en exil fait un long discours d 'abord dans la langue locale puis en anglais. Lui succède une Canadienne puis deux Françaises appartenant aux délégations étrangères présentes à Mc Leod Ganj pour l'occasion. Le Dalaï-lama remercie les orateurs puis reprend son enseignement.
Vers midi, il annonce la suite pour le lendemain puis quitte la salle, suivant une allée entre les participants qu'il salue. Il continue lentement jusqu'à sa maison qui se situe tout prés. La foule évacue les lieux tranquillement, certains s'arrêtant pour s'alimenter à des marmites ambulantes disposées dans la cour. Nous débouchons dans la rue où des haut-parleurs continuent à revendiquer le droit des femmes à l'égalité. Une marche des femmes rappelant les événements de 1959 descend vers Dharamsala.
Nous remontons pour déjeuner.
Lundi 13 mars
Notre programme est le même que la veille. L'enseignement se passe non plus sur la terrasse mais au premier étage du temple. Les participants sont moins nombreux mais compte tenu de la taille plus réduite des salles, ils sont aussi entassés. Une traduction en espagnol est prévue sur une autre longue d'onde de la radio.
Sa Sainteté le Dalaï Lama saluant la foule rassemblée dans la cour alors qu'il se dirige vers le Temple tibétain principal, le 13 mars 2017. Photo de Tenzin Choejor / OHHDL
Le Dalaï-lama arrive sans le protocole de la veille
On nous sert le même thé au beurre bien chaud et un pain tibétain à la place du riz. Les « boulangers » ont dû bien travailler, la nuit dernière !!
Quelques milliers de personnes se sont rassemblées dans la cour en attente de Sa Sainteté le Dalaï Lama à la fin du premier jour de ses deux jours d'enseignement à Dharamsala, HP, Inde, le 13 mars 2017. Photo de Tenzin Choejor / OHHDL
L'enseignement ne souffre pas, cette fois-ci, d'interruptions. A la fin, j’observe un gros mouvement de foule vers l'allée où va passer « His Holiness » pour rentrer chez lui. Accompagné de quelques moines, il salue les participants sur son passage, leur adresse quelques mots et, comble d'émotion pour les heureux élus, touche la main de certains d'entre eux.
Mardi 14 mars
Les membres de la communauté monastique, les yeux bandés pendant l'Avalokiteshvara Empowerment, le 14 mars 2017. Photo de Tenzin Choejor / OHHDL
A l'arrivée, on nous offre un ruban rouge et une fleur séchée. Tous les participants posent cette dernière sur leur front et la maintienne avec le ruban dont les extrémités sont passées derrière leurs oreilles. Ce moment s'accompagne de prières. Des moines distribuent aussi un petit cordon cordon rouge que chacun nouera seul ou avec l'aide de son voisin autour de son poignet. Cela me rappelle une tradition laotienne où, lors des fêtes en l'honneur d'une personne (anniversaire, naissance, départ) tous les invités nouaient autour des poignets de l'hôte des cordons blancs en récitant une prière et des voeux. Celui-ci quittait donc la fête avec un nombre impressionnant de cordons qu'il ne devait surtout pas enlever pour qu'il garde leurs effets bénéfiques. Ils devaient tomber tout seuls, après x jours ou semaines.
A la fin de la séance d'enseignement, Esther fait partie des chanceuses. En effet, lors de sa sortie, le Dalaï-lama est interpellé par un Mexicain « Your Holiness, when are you coming to Mexico ? ». Esther demande « And to Ecuador ? ». Il répète « Ecuador » et lui tend la main droite en affirmant « Je ne fais pas de différence entre les pays et les peuples, les couleurs et les religions. Ils sont tous égaux. Mais il y a des pays où, malheureusement, on ne m'accepte pas. » Elle pleure de bonheur.
Quelle émotion, lorsque nous nous retrouvons. Et toutes les personnes à qui Esther raconte son aventure lui confirme la chance qu'elle a eue.
Aujourd'hui, c'est le deuxième jour de Holi, une fête hindoue, souvent désignée comme la « fête des couleurs ». À l’origine, Holi est l’occasion de s’amuser avant la dure période de plantations : c’est la fête du printemps et de la fertilité. C'est un événement très important en Inde, car c’est l’occasion pour les habitants des différentes castes de se mélanger. C’est l’occasion également pour petits et grands de s’asperger d’eau et de poudres de toutes les couleurs. Les gens s’habillent en blanc et se promènent dans les rues avec des pigments de couleurs qu’ils se jettent les uns sur les autres. Ces couleurs ont une signification bien précise : le vert pour l’harmonie, l’orange pour l’optimisme, le bleu pour la vitalité et le rouge pour la joie et l’amour. La population de Mc Leod Ganj étant majoritairement tibétaine, cette tradition est peu suivie ici. C'est, semble-t-il, surtout l'occasion, pour les garçons de jouer avec les jeunes filles qu'ils rencontrent.
Mercredi 15 mars / Jeudi 16 mars / Vendredi 17 mars
Les cours reprennent. Le nombre d'inscrits ne fait qu'augmenter. Des débutants qui, par leur arrivée tardive, rendent évidemment très difficile l'avancée du travail. Je décide donc de faire deux groupes afin de pouvoir progresser à la vitesse de chacun.
Ce vendredi soir, comme prévu une fois par mois, les employés de Tibet Charity cuisinent pour le groupe. Une occasion de réunir tout le monde, du Directeur à la cuisinière-femme de ménage, autour de la même table.
Samedi 18 mars - St-John Church
Avec Christene, ma collègue australienne, nous décidons d'aller visiter Saint-John Church : deux kilomètres à pied, à partir du centre-ville en allant vers Dharamsala.
Comme d'habitude, des bovins ruminent tranquillement sur le bas-côté de la rue, alimentés par les passants des épluchures et restes de leurs repas quotidiens. Des chiens nous observent depuis les buissons.
Nous allons souvent au centre-ville de Mc Leod Ganj, pour faire des courses, nous dégourdir les jambes ou tout simplement côtoyer la cohue des véhicules et les passants, en bonne partie des touristes de toutes origines et des moines et nonnes, et flâner devant les boutiques de souvenirs.
Notre « maison » se situe à l'extérieur de la ville, dans la descente, en sens unique, vers Dharamsala. Pour rejoindre la ville, la première partie de l'itinéraire est une forte montée avec sur le versant de la colline plusieurs hôtels accessibles par des escaliers souvent précaires sans rambarde dont certaines parties métalliques surplombent des terrains effondrés. Vers la vallée, il n'y a aucun édifice. Quelques véhicules, dont les voitures de Tibet Charity, stationnent sur le bas-côté . A quelque distance au-dessus, se trouve un seul vendeur ambulant : un point de vente alimentaire sikh composé d'un réchaud, d'une petite table et de quelques chaises. Sa camionnette arrêtée juste au-dessus indique son origine et ses spécialités.
A gauche, commence le chemin qui descend et contourne le temple et la résidence du Dalaï-lama.Dans le virage, une station des taxis a été installée. Lorsqu’on lève les yeux, on peut apercevoir une maison à plusieurs étages où, sur le balcon du haut, ont été installées, par des moines, de longues cornes qui, à certains moments de la journée sonnent de graves litanies.
Sur les pentes jonchées de déchets en tous genres, de multiples petits sentiers et escaliers donnent accès à des immeubles situés en arrière et servent de raccourcis
Tout en haut de la rue apparaissent les premières maisons de la ville : un tailleur, un fabriquant de tapisseries, des épiceries, un tout nouveau magasin de vêtements et de chaussures. Sur le sol, au pied des murs, des deux côtés de la rue sont installés de petits marchands de légumes : pommes de terres, carottes, navets blancs à la longue racine, brocolis, …. On y retrouve la même chose qu'en France. Sur la gauche se trouvent un grand portail qui permet l'accès au temple du Dalaï-lama. Puis une station de taxis.
 
La rue continue à monter avec du côté collines des immeubles de plus en plus élaborés, avec des boutiques plus sophistiquées : restaurants, magasins de vêtements et d'électronique, banque et changeurs, agences de tourisme, …. Il n'y a pas de trottoir. Sur les longues grilles recouvrant un petit canal servant à l'évacuation des eaux usées, une multitude de petits commerçants ambulants s'est installée, vendant quelques pièces de marchandises.
Du côté de la vallée, toute la longueur de la rue, sans aucun espace libre, est le domaines des vendeurs de souvenirs. Ce sont de fragiles constructions de bois, recouvertes d'une bâche plastique, où sont posées et accrochées des bijoux de toutes provenances, de textiles tissés ou tricotés, des statuettes votives et de minuscules tambours à prières alimentés par une une petite puce solaire.
 
Un peu plus haut, dans un virage, la rue commence à être bordée, des deux côtés, par de vraies boutiques. Nous arrivons sur la partie plate, le vrai centre-ville.
Notre épicerie favorite
Sur la droite, deux rues y accèdent : l'une monte et se perd dans les habitations, l'autre à sens unique est un accès depuis Dharamsala. Sur la gauche nous faisons le tour du pâté de maisons qui abrite le Namgyalma Temple. Au bout se trouve Main Square, toujours embouteillé, malgré la présence d'un policier responsable de la circulation, et sous les klaxons des voitures et motos. De là partent quatre rues principales. La première qui passe devant une station de taxis, de tuk tuk et la station de bus se sépare rapidement en deux branches : la première longe Saint-John Church et son cimetière et descend vers Dharamsala, la deuxième monte vers le lac Dal, une promenade ombragée pour les chaudes journées d'été. La deuxième rue, très étroite et en forte ascension, se faufile entre les maisons et se dirige vers le Tushita Meditacion Center. La troisième, en légère montée, a pour destination Daramkhot. La dernière enfin, mène à Bhagsu.
Pas de dure montée sur cette première partie de la route, boisée des deux côtés et ornée de belles fleurs rouges de rhododendron. Ces fleurs sont utilisées pour préparer une excellente confiture.
L'allée qui entre au monument présente un pavage spécifique
Construite en 1852 par les Anglais gouvernant l'Inde, à l'époque, l'église est un édifice néogothique. A l'intérieur, une plaque remémore la présence des anglais dont la ville
voisine à pris le nom.
Il est entouré par un cimetière où les défunts, dans cet environnement superbement boisé, reposent en paix. Il est toujours utilisé : des tombes récentes y ont été creusées.
Au retour, à quelques pas de notre "chez nous", quelques singes d'une espèce rare pour la région, apprécient peu ma présence et montrent de longues dents qui semblent bien acérées.
 
 
 
 
 
 
 
 

 

Dimanche 19 mars - Tushita Meditation Center
Nous nous rendons au Tushita Meditation Center, dans la montagne, à quelques kilomètres au-dessus de Mc Leod Ganj, en taxi. La route, en double sens, est extrêmement étroite et borde des ravins vertigineux. Deux véhicules en circulation ne peuvent se croiser. En cas de besoin, celui qui monte recule jusqu'à trouver un espace un peu plus large. Les deux voitures se croisent en se frôlant et frôlant le précipice. En haut, un espace relativement plat accueille un café et quelques autres bâtiments. Il donne une excellente vue sur le village de Dharamkot, en contre-bas. Nous nous dirigeons vers un grand portail sur lequel nous voyons inscrit, en lettres délavées : Vipassana Meditation Center. C'est samedi et les locaux paraissent déserts. Nous entrons et nous dirigeons vers l'accueil, au bout d'une allée suivie de quelques marches d'escalier.
L'ensemble ne nous semble pas très accueillant et assez vétuste. Après avoir lu quelques affiches présentant les activités du centre, nous repartons déçus. Notre Routard donnait des indications beaucoup plus alléchantes. Nous nous apprêtons à redescendre vers McLeod Ganj quand nous découvrons, à deux pas, une autre entrée, plus petite (il fallait presque se courber pour la passer) et derrière, nous comprenons que c'est là, le véritable Tushita. Nous empruntons un petit chemin derrière un couple de visiteurs et arrivons bientôt aux bâtiments. Le passage cimenté qui y accède est recouvert de dessins blancs. Du côté de la vallée, une terrasse couverte propose un grand nombre de tables et chaises qui attendent les visiteurs et les participants aux activités. La salle à manger est toute proche.
Poursuivant notre chemin, nous découvrons une petite merveille. Un corps principal à deux étages peint, murs et portes de bois de vives couleurs avec des rouges et des jaunes dominants. Le linteau d'une petite porte est recouvert de Bouddhas en majesté inscrits dans des fleurs de lotus. Pour accéder aux lieux de recueillement, quelques marches encadrées par deux piliers recouverts de peintures traditionnelles : les quatre animaux amis* (un éléphant ayant sur son dos un singe et un lapin et, au-dessus, un oiseau volant dans un paysage boisé avec des cascades, au loin, sur un tapis de fleurs.), un sage à la longue
barbe blanche, tenant dans sa main un bâton de pèlerins avec une calebasse à son extrémité (peut-on faire un rapprochement avec les pèlerins de Saint-Jacques de Compostelle?) et accueillant un jeune homme qui lui offre une feuille en forme de cœur., des grues posées sur un arbre près d'un couple de cerfs. Devant la porte principale sont déposées de nombreuses paires de chaussures. Une méditation est en cours. Le silence est complet. Nous osons à peine nous communiquer nos impressions.
Dans le jardin, un peu à l'écart se trouvent un stupa et un petit autel au Bouddha. Devant la porte de l'accueil, un chien, allongé de tout son long sur un banc, ouvrant tout juste un œil à notre arrivée, participe à la tranquillité des lieux.
Une flèche nous indique un raccourci pour rejoindre la ville, en bas. La descente par marches et sentier, passant près d'un autre stupa, est très ombragée. En rejoignant la
route nous retrouvons chiens errants et groupe de singes en balade. Les deux espèces ne font pas bon ménage, les premiers chassant les seconds de leur environnement. Ce qui rend les singes agressifs même avec les humains de passage. Nous en faisons l'expérience comme nous marchions tranquillement au sein d'un petit groupe de promeneurs. L'un de ces primates, bien campé sur ses pattes, la gueule grande ouverte projetant vers l'avant des canines impressionnantes, nous crache toute sa colère. Puis, il s'enfuit et part se réfugier sur un arbre. Ouf. J'imagine qu'il n'a pas été vacciné contre la rage. L'association Tibet Charity s'est donnée comme objectif, en dehors de l'enseignement des langues (anglais, français et chinois, tout récemment) et d'une petite infirmerie, d'éradiquer la rage parmi les animaux présents sur site. Il s'agit, j'imagine, prioritairement, des chiens. Apparemment c'est une réussite.
En ce dimanche après-midi, la ville est en plein boom gastronomique, tant dans les
restaurants populaires que dans la rue.           
Là, les
"momos" sont omniprésents.  Les jeunes moines
libérés de leurs obligations flânent des les rues.
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