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Un non-match de cricket

par Robert Vérité 28 Mars 2017, 04:00

Samedi 25 mars
Un certain nombre de personnes quittent le monde occidental pour échapper aux contraintes d'une administration rigide qui s'exprime, en particulier, par beaucoup d'interdictions. Ces règles sont, pour leurs défenseurs, faites pour améliorer la sécurité et le bien-être des concitoyens et de l'environnement.
Dans un pays en développement, ces mêmes règles existent souvent mais on ne les remarque pas, à première vue, soit parce qu'elles sont peu respectées soit parce qu'elles sont toujours accompagnées d'une tolérance plus au moins grande de la part des autorités. D'autre part, la vie semble tout de suite plus facile, dans les centre-villes. Les petits magasins sont pléthoriques et on y trouve de tout. Les boutiques comme les restaurants sont à votre service sans aucune pause, 7 jours sur 7 et les prix sont, évidemment très inférieurs. Je ne parle même pas de l'impression d'être en vacances. Tout cela allège grandement la sensation de pesanteur qu'occasionne ces contraintes.
Mais, attention, l'administration, lorsqu'on s'adresse à elle, est souvent rigoureuse. Les formulaires demandent des informations quelquefois difficiles à préciser. Quand quitterez-vous Mc Leod Ganj ? Où irez-vous ensuite ?
Prenez le cas d'un étranger qui souhaite, ici, faire l'acquisition d'une carte de téléphone locale. Il s'adresse, de façon tout à fait normale, à une boutique de téléphonie Il doit y présenter son passeport et donner une photocopie de celui-ci et de son visa d'entrée, ainsi qu'une photo. Le vendeur remplit un long formulaire qu'il transmettra aux autorités locales, en même temps que ces documents. Il remet à l'acheteur sa carte en l'informant qu'elle sera activée sur 24 heures, peut-être 48, peut-être plus. Nous sommes à l'école de la patience, ce qui n'est évidemment pas un mal. Dès que la carte sera activée, l'acheteur devra appeler un numéro spécial et répondre à un certain nombre de questions de son interlocuteur (en anglais, j'espère) afin que ce dernier puisse avoir confirmation de l'identité de l'acheteur. Si cet entretien téléphonique n'est pas concluant, la carte sera désactivée et il faudra repartir à zéro. Et quand la carte est défaillante, c'est encore pire.
Deuxième exemple : Ce matin, nous avions décidé de nous rendre à un match-test de cricket entre l'Australie et l'Inde, au stade de Dharamsala, la ville-basse. Des billets nous avaient été gentiment offerts par nos collègues australiens, professeurs d'anglais. Ces deux équipes sont parmi les meilleures du monde et pour nous, ce serait une première. Nous avions rendez-vous à 8 heures, à la station de taxis proche de la maison avec Christine, une amie à elle, australienne aussi, ainsi que quelques moines tibétains, amis et élèves. Trois taxis avaient été réservés. La rumeur avec couru selon laquelle les sacs étaient interdits, mais Christine nous affirma que porter un petit sac ne posait aucun problème. Nous repassons en coup de vent à la chambre et répartissons quelques objets dont nos papiers, les clés, nos téléphones, et une petite bouteille d'eau, au cas où.
Les taxis nous laissent dans le parking du stade et nous partons tranquillement vers celui-ci accompagnés de supporters arborant les couleurs de leur équipe. De nombreux marchands ambulants vendent sur le parcours des drapeaux et des tee-shirts, des casquettes et des chapeaux ainsi que de la nourriture et de l'eau. Un premier contrôle vérifie la validité de nos billets. Une centaine de mètres plus loin, même opération. Puis une troisième fois. Et là, un grand panneau nous informe de tous les objets interdits dans l'enceinte du stade. Ils sont nombreux dont les appareils-photos. Le mien n'a rien de ces monstres avec téléobjectifs interminables. Il est tout petit et, depuis que je suis arrivé à Mc Leod Ganj, il ne quitte pas ma ceinture. Pourquoi interdire ces appareils-photos si les smartphones sont autorisés et font également des photos et des films. Impossible d'argumenter avec les responsables à la barrière. « The rule is the rule. » Nous pourrions le laisser dans une sorte de consigne, à l'entrée, mais sans aucune garantie de le récupérer à la sortie.
Nous repartons donc à la maison sans avoir pu voir un seul instant du match. Nos amis australiens nous ont ensuite raconté qu'ils avaient dû, eux, après une fouille aux corps et de leur sac, se séparer de leurs stylos, de leurs pièces de monnaie. Les aliments et boissons extérieures sont aussi interdites. Il est possible d'acheter des bouteilles d’eau ou d'autres boissons mais ces bouteilles ne peuvent, en aucun cas, pénétrer dans les gradins. Le liquide doit être, au préalable, transvasé dans un verre en plastique. Tout ce qui pourrait servir de projectile, à un spectateur déçu, vers des supporters adverses est donc totalement banni. Quelle déception ! Mon image des Indiens, peuple de la non-violence, du lâcher prise et de l'acceptation, en a pris un coup ! Ou bien, la violence serait-elle seulement l'apanage des supporters étrangers dont l'équipe aurait perdu ?
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